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Stoker de Park Chan-wook

(Attention : Spoilers)

 

     Stoker, récit d'une relation ambiguë entre une jeune fille et son oncle dotés de sens particulièrement développés, a tout les ingrédients pour créer un mélange de malaise et de fascination, le tout sublimé par une mise en scène virtuose. Mais si l'exercice de style nous enchante, il manque toutefois quelque chose au scénario pour gagner en substance. Les effets visuels et sonores pédalent dans le vide et si l'ennuie ne s'installe jamais complètement le film ne parvient pas a nous emporter au delà de son concept initial, dans les méandres de cette relation. La faute à un casting tantôt brillant, tantôt décevant. Commençons par le décevant donc avec Nicole Kidman jouant Nicole Kidman, les traits ultra crispés dans un rôle d'une originalité phénoménale pour elle, qu'elle endosse comme elle porterait encore et encore un vieux manteau usé. Mia Wasikowska n'est malheureusement pas non plus un choix très original et s'enferme dans une représentation figé, cachée derrière ses cheveux. Seul Matthew Good parvient à créer des étincelles, de l'indécence, de l'immoralité et du malaise qui atteint son paroxysme dans une scène où il rejoint sa nièce au piano, la fixant de son regard glacial et métallique puis l'enlaçant en l'accompagnant dans son morceau. Le film joue avec délice avec l'horreur et le meurtre comme lorsque l'oncle étrangle un homme avec sa ceinture jusqu'à se que sa nuque craque dans un bruitage sordide et résonnant ou encore dans la scène où ce dernier, enfant, enterre son petit frère sous le sable tout en se délectant du spectacle. Le retournement final, où India abat finalement son oncle, aurait pu être décevant (comme un abandon de toute l'immoralité mise en avant jusqu'ici) s'il n'avait pas été sublimé par un coup de feu retentissant, dans une délicieuse explosion d'hémoglobine, puis d'un second meurtre, faisant écho au sublime générique de début, dans lequel India prend définitivement l'aplomb qu'elle cherchait désespérément jusqu'ici, transfigurée par cette renaissance. Dernier plan sur des fleurs blanches mouchetées de sang, le tout est délicieux mais frustrant. 



12/06/2013
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