La maison de la radio de Nicolas Philibert
Aaah Radio France, fleuron de l'audiovisuel publique, à des miles de tout malaise lié à une éventuelle crise, délicieux mirage exempt de tout tracas ou chamaillerie, où la vie n'est que chansonnettes, intégration sociale fructueuses et bonshommes postillonnant allègrement. Certes, le défi qui consiste à traduire visuellement l'invisible et l'insaisissable est assez séduisant. Nonobstant les éléments tronqués du quotidien que l'on parcours, l'allure général est ravissante et réjouissante et donne lieux à une ballade tout au long d'une journée au travers de l'impressionnant bâtiment de Radio France, jusqu'à la douce quiétude de la nuit où quelques irréductibles s'attèlent encore au travail dans la pénombre tandis les animateurs murmurent à peine dans leur micros. Mais au delà d'une délicieuse symphonie vocale où s'entremêlent des conteurs aux voix suaves et habitées et le timbre délicat et féminin de Marie Claude, au calembour facile, se qui manque cruellement à ce documentaire est une véritable étude de l'institution, de son ampleur et de ses limites, à la manière d'un Herzog, qui décortique assurément son sujet de bout en bout. Car à en croire ce documentaire, la radio n'est qu'un délicieux fleuve tranquille remplit de journalistes zélés, d'équipes techniques investies, et de chanteurs transcendés. On peut donc légitimement se demander : ce documentaire nous documente-t'il ? A notre grand dam, pas tant que ça. Le passionné, féru d'émissions culturelles et friand de brèves scabreuses sera donc bien dépité de ne pouvoir réellement découvrir l'envers du décors, ses intrigues et ses complots bref du croustillant, du sensationnel mais surtout du Vrai ! Mais non, pas une seule goutte de sang, pas même un haussement de voix. Voilà un quotidien bien plat qui émousse sérieusement notre enthousiasme. Et pourtant les raisons de s'égosiller, s'écharper ou s'estropier mutuellement ne manquent pas, l'acharnement désespéré à maintenir la "bicoque" de la radio à flot n'étant pas particulièrement couronné de succès. Mais peut être n'a t'on pas prévenue Nicolas Phillipin, après tout, 6 mois de tournage c'est court... Enfin, le spectateur cinéphile se verra fort attristé, après une heure quarante trois d'attente, de se voir privé des facéties de notre bien aimé Jérôme Garcin et sa bande d'acolytes. Voilà une omission tout à fait inexcusable !